UN POEME
de Francis André
NE REFUSE JAMAIS
Les pas, les humbles pas
Que parfois, font vers toi
Les bêtes qui t'entourent,
Ton cheval, ton chien ou ton chat,
Ou cet oiseau, perdu, transi
Qui vient frapper à ta fenêtre.
Songe qu'il vient de loin, ce pas,
Du fond des âges et des mondes
Et qu'il essaie, cet humble pas,
Ce pas et ces yeux qui se donnent
De recréer tout ce qui fut
Aux clairs matins de la terre innocente.
Ne refuse jamais
L'humble parfum que tend vers toi
Un brin de fleur sur ton chemin.
Ne refuse jamais de t'arrêter un peu
Pour pencher ton front d'homme
Sur cette fleur éclose en ton chemin
Et qui voudrait, par sa beauté,
Par son parfum et sa lumière
Ranimer un peu de beauté
Et de parfum et de lumière
Dans les feuillages de ton âme.
Ne refuse jamais
De donner ta main à cet homme
Que tu croises sur ton chemin,
Sur le chemin des terres éternelles,
Songe à cet homme qui vient de loin,
De par-delà mers et montagnes,
Quel est cet homme? On ne sait pas.
Mais il est ton frère ici-bas.
Donne-lui ta main en passant,
Donne-lui ta main et tes yeux,
Et puis va-t-en et lui s'en va,
Et vous vous perdez l'un et l'autre,
Mais il y a eu quelque chose:
Un moment humain qui demeure.
Bonne journée!