UN PEU DE LENTEUR
par Timothée de Fombelle
L'été durait une vie entière. Je me souviens que lorsque je quittais la ville pour partir en grandes vacances, je laissais derrière moi toute notion du temps. L'année d'école s'était refermée. L'été devenait une sorte d'archipel sans début et sans fin. Je ne planifiais rien. Il suffisait de s'écrouler le soir avec le soleil, et de repartir le matin, à l'aventure.
Aujourd'hui, je trouve de plus en plus difficile de s'arrêter.Sans être bien vieux, je me dis parfois que ce doit être l'âge... Avec les années, la pente semble déjà forte, et les freins bien usés. Mais en cherchant les vraies raisons, je réalise que c'est plutôt la machine du temps qui s'emballe. Le rythme de la vie, des transports, des communications crée un appel d'air auquel il est difficile de résister. A la vitesse où l'on va, impossible d'apercevoir ceux qui ne sont pas dans ce mouvement, tous ceux qui avancent plus lentement. Ce ne sont que des visages flous, sur le côté.
Même la torpeur de l'été peine à nous arrêter.
Il y a deux semaines, je revenais seul en train de Sarrebruck. Longeant une autoroute, je vois un panneau annonçant Paris à 150 kilomètres. Je me jette sur mon téléphone et envoie un message chez moi. Deux mots suffisent : J'ARRIVE.
( à suivre )...